Hydroculture : la "ligne de sécheresse"

suite de la traduction des articles de M Barkalow (www.firstrays.com)

"Les néophytes de la méthode semi-hydroponique s'inquiètent souvent de voir que la surface du substrat semble sèche, alors que le reste est humide. Je vous assure que l'apparition d'une "ligne de sécheresse" est tout à fait normale. Il y aura toujours un gradient d'humidité du fond vers la surface, à moins que vous ne cultiviez dans une ambiance à 100 % d'humidité relative, ce qui n'est pas sain pour vos plantes.

Nous avons affaire ici à deux processus dynamiques en compétition : l'évaporation, qui tend à assécher le système, et les remontées capillaires depuis le réservoir de solution, que nous devons remplir régulièrement à hauteur de ce qui a été perdu.

Le taux d'évaporation dépend avant tout de la température ambiante et de l'humidité de l'air. On considérera, pour la suite de la discussion, que la température est constante dans tout le pot. Sur cette base, l'évaporation de l'eau contenue par chaque bille d'argile devrait être identique. Or il n'en est rien. Les billes enfouies dans le pot sont entourées d'autres billes, et cela maintien localement une très haute humidité relative - probablement proche de 100 % tout de suite après un arrosage. Celles de la surface ne sont pas totalement cernées par d'autres billes. Elles sont au contact de l'air ambiant, avec un taux d'humidité plus bas, et vers qui l'eau peut s'évaporer plus librement. Le taux d'évaporation en surface est donc bien plus grand que n'importe où ailleurs dans le pot.

La capacité d'humidification d'un substrat est constante, mais est affectée par les caractéristiques des billes :

• leur capacité d'absorption ;
• leur capacité à relâcher l'eau absorbée ;
• leur porosité, la taille, densité et la distribution des pores ;
• la texture de leur surface ;
• la taille des particules, leur forme et uniformité.

Cela varie d'une marque à l'autre, mais pas au sein même d'une marque donnée. Cependant, cette capacité d'humidification ne veut pas forcément dire que le transfert de liquide du bas vers le haut est constante dans tout le pot. Considérons qu'une bille, comme une éponge, "veut " garder le liquide qu'elle absorbe. Par essence, une bille veut se gorger d'eau à 100 % avant d'en céder aux billes adjacentes. Heureusement, elles ont besoin de temps pour faire cela, et il existe une force opposée, la tension de surface (comme en témoignent les gouttes visibles entre les billes et la paroi du pot), qui attire l'eau vers les autres billes. Donc l'eau passera d'une bille à l'autre avant que la première soit complètement saturée.

Un exemple très simplifié : admettons que 90 % du liquide contenu dans une bille peut être transféré à une bille adjacente alors que la première continue à absorber. Les billes juste au dessus du réservoir disposent d'une réserve d'eau très vaste, et va donc très rapidement en donner une partie aux couches supérieures. Cette seconde couche ne dispose alors que de 90 % de l'eau des couches inférieures. Elle sera donc saturée moins vite. La couche suivante, au dessus, n'obtient que 90 % de l'eau des billes du dessous, soit (à peu près) 80 % de la couche la plus profonde. Dans ce modèle "linéaire" simplifié, le taux de saturation des billes diminue avec la distance au réservoir comme suit :

En fait, à terme, chaque bille devrait arriver à saturation, mais cela demanderait beaucoup de temps. Mais nous traitons ici avec deux variables : l'humidification par capillarité et l'évaporation. A cause de cela, il existe une hauteur dans le pot où l'évaporation devient plus rapide que l'humidification par capillarité, et vous pouvez voir une ligne de sécheresse plus ou moins haute en fonction des saisons, qui réagit au changement de météo, ou d'autres facteurs qui dépendent de l'environnement local. D'autres facteurs interviennent également : les mouvements d'air, la lumière (qui chauffe la surface du pot) accélèrent l'évaporation. Vous verrez peut-être également des différences liées au pot utilisé, un petit pot de large diamètre, offrant une distance plus faible entre le réservoir et la surface des billes, restera humide plus haut.

Gardez également en tête qu'un substrat en apparence sec peut ne l'être qu'en surface : l'intérieur des billes peut en fait être humide."